Lancé fin 2019, le plan d’épargne retraite (PER) est monté en puissance tout au long de l’année 2020, au rythme du lancement de nouveaux contrats par l’ensemble des acteurs de l’épargne (banques, courtiers, et fintech).
Ce dispositif d’épargne répond à un besoin fort des épargnants : se constituer une épargne dont l’objectif est de s’assurer un complément de revenu au moment de la retraite. Cette démarche est motivée par les incertitudes économiques qui pèsent sur les ménages, et les inévitables réformes du régime des retraites qui se dessinent à l’horizon. De nature précautionneuse, les épargnants sont nombreux à avoir ouvert un plan d’épargne retraite dès la première année de son lancement. Cet article est l’occasion de revenir en détail sur le fonctionnement et les atouts de ce dispositif d’épargne. Découvrez dans ce guide 3 critères pour choisir son PER.
Le PER retraite : un dispositif de retraite par capitalisation
Le PER retraite est une enveloppe capitalisante au sein de laquelle l’épargnant peut diversifier son épargne sur différents types de supports d’investissement (voir plus bas). On parle d’enveloppe capitalisante car les gains réalisés au sein du contrat peuvent être librement réinvestis dans le PER sans que cela ne déclenche d’événement fiscal : les plus-values réalisées au sein du contrat ne sont pas taxées aussi longtemps que l’argent reste au sein du contrat. Il s’agit là d’un atout décisif pour faire fructifier son capital sur le long terme. L’assurance vie et le plan d’épargne en actions (PEA) sont deux autres dispositifs d’épargne populaires en France et disposant de ce même avantage.
Le PER offre des avantages fiscaux très intéressants. Les versements réalisés sur le PER sont directement déductibles du revenu imposable. Le plafond des versements déductibles est fixé à 10 % des revenus nets de l’année antérieure ou 10 % du plafond de la sécurité sociale de l’année antérieure (le montant le plus élevé est retenu).
Si l’on prend le cas d’un épargnant gagnant 50 000 euros par an. Il peut réaliser un versement annuel de 5000 euros sur son PER, et déduire ce même montant de son revenu imposable. S’il se situe dans la tranche marginale d’imposition à 30 %. La déduction du versement permet donc de diminuer l’impôt sur le revenu à hauteur de 1500 euros (30 % de 5000 euros). Mécaniquement, ce dispositif est d’autant plus intéressant que l’épargnant se situe dans une tranche marginale d’imposition (TMI) élevée. À titre indicatif, la TMI à 30 % concerne les revenus situés entre 25 711 € et 73 516 €. De 73 517 € à 158 122 €, la TMI passe à 41 %. Au-delà de 158 123 €, la TMI passe à 45 %.
Toutefois, les épargnants qui ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu peuvent également trouver un intérêt au PER puisqu’il est possible de faire falloir un avantage fiscal au moment de la sortie du PER (sous forme de réduction d’imposition) plutôt qu’à l’entrée.
La contrepartie à ces avantages fiscaux est que l’argent placé sur le PER est bloqué jusqu’à la retraite. Cependant, le législateur a autorisé une sortie anticipée du PER dans plusieurs cas de figure tels que la fin des droits au chômage, la faillite personnelle, l’invalidité du souscripteur, de ses enfants ou son conjoint (marié ou pacsé). Autre cas de figure plus réjouissant : l’achat de sa résidence principale est aussi une raison valable pour débloquer son PER. Il s’agit là d’une nouveauté par rapport au plan d’épargne retraite populaire (le dispositif d’épargne retraite qui prévalait avant l’apparition du PER).
Investir son capital à long terme avec le PER
Depuis quelques années, les fonds euros délivrent des performances de plus en plus atones. Si les meilleurs fonds euros continuent de battre l’inflation, il n’en demeure pas moins que ces placements ne constituent plus une solution satisfaisante pour développer son patrimoine. Dans le cadre d’un placement à long terme, les épargnants n’ont d’autres choix que de se tourner vers des supports d’investissement plus rémunérateurs tels que ceux accessibles en unités de compte (les unités de compte sont tous les supports accessibles en PER hors fonds euros). Le plan d’épargne retraite est un dispositif permettant justement de diversifier son épargne sur une multitude de supports d’investissement et donc d’aller chercher de la performance.
En l’occurrence, les 2 placements phares pour investir à long terme sont les actions et l’immobilier. En plus d’offrir une excellente protection contre l’inflation, ils délivrent des performances parmi les plus élevées, toute classe d’actifs confondue.
Généralement, l’investissement en actions est réalisé au travers de fonds d’investissement. Les meilleurs PER référencent des centaines de fonds. Mieux encore, l’épargnant peut diversifier ses placements sur des fonds d’investissement tirant partie de la croissance mondiale, il n’est pas cantonné au marché français.
Du côté des supports immobiliers, le PER permet d’investir dans ce que l’on appelle communément la pierre-papier. Derrière ce terme se cachent différents types de supports, les plus populaires étant les SCPI, les OPCI et les SCI. Ces placements constituent une bonne alternative à la défiscalisation immobilière. En effet, investir sur ces supports via le PER présente un triple avantage pour l’épargnant. Tout d’abord, ces placements permettent d’investir dans l’immobilier sans avoir à supporter les contraintes d’un investissement immobilier en direct (gestion des locataires, entretien, etc.). Le deuxième point fort de la pierre-papier est qu’elle permet de diversifier ses placements sur plusieurs types de biens avec un faible capital (quelques milliers d’euros), ce qui permet de mieux répartir le risque. Le troisième avantage tient au fait que le PER est une enveloppe capitalisante, ce qui signifie que les bénéfices perçus par l’épargnant (c’est-à-dire la part des loyers nets de frais de gestion redistribuée aux investisseurs) peut être pleinement réalloués dans le PER, que ce soit pour investir en SCPI (renforcer son allocation en pierre-papier), ou bien en fonds d’investissement en actions, ou encore simplement sécuriser les gains en fonds euro.
Tout cela peut sembler compliqué pour l’épargnant ordinaire, c’est la raison pour laquelle il existe des services de gestion déléguée du PER.
Déléguer la gestion de son plan d’épargne retraite
La gestion déléguée est un service permettant de déléguer la gestion de son épargne auprès d’une société de gestion. Le gestionnaire obtenant le mandat de gestion se chargera alors de gérer le PER au quotidien. Préalablement, l’épargnant expose sa situation financière et ses objectifs, cela afin de déterminer son profil de risque. À partir de là, le gestionnaire définit une allocation cible pour l’épargnant.
Point intéressant en faveur de la gestion déléguée d’un PER : il est courant que le gestionnaire propose un système de sécurisation progressive des gains à l’approche de la date à laquelle l’épargnant fera valoir ses droits à la retraite. En effet, les marchés actions sont très volatils, ils ne conviennent que pour investir à long terme.
Ce mode de gestion n’est pas sans rappeler l’assurance vie, où l’épargnant peut également choisir entre gestion libre et gestion déléguée.
Sur bien des aspects, le PER entre en compétition avec l’assurance vie. Ces 2 placements permettent l’accès aux fonds euros et à des supports de diversification en actions et en immobilier. Mais d’un point de vue pratique, le PER se présente plutôt comme un dispositif complémentaire. L’assurance vie présente davantage de souplesse puisque le capital peut être récupéré à tout moment (il suffit de faire un rachat partiel) tandis que l’argent investi sur le PER est bloqué (hors cas spécifique de déblocage anticipé) mais permet de directement réduire son impôt sur le revenu.
Les critères pour bien choisir son PER
L’offre de PER est désormais très large, l’ensemble des acteurs de l’épargne (banques, courtiers, et fintech) ayant lancé leurs contrats au cours des derniers mois. Il existe une petite cinquantaine de contrats sur le marché.
L’épargnant souhaitant souscrire un PER doit donc faire jouer la concurrence et s’orienter vers le contrat présentant les caractéristiques adaptées à ses objectifs.
Il faut savoir qu’il existe deux types de PER : le PER assurantiel et le PER bancaire (aussi appelé PER compte-titres). La très large majorité des PER commercialisés est du type assurantiel. Les PER assurantiels sont gérés par des assureurs et présentent deux atouts : ils donnent accès aux fonds euros (à ce jour le meilleur placement pour sécuriser son épargne) et présentent des avantages fiscaux en cas de succession. Quant au PER bancaire, il présente un avantage sur le PER assurantiel : il n’y a pas de frais de gestion sur les supports en unités de compte.
Les frais
La question des frais est un des critères importants à regarder au moment de souscrire un PER. Ces frais sont de diverses natures. Il y a tout d’abord les frais sur versement, il s’agit d’un pourcentage prélevé sur le capital versé sur le contrat. Les meilleurs PER ne prélèvent pas de frais de versement tandis que certains établissements prélèvent 2 % et parfois davantage. Ces frais sont généralement négociables.
Puis il y a les frais annuels de gestion. Il faut se tourner vers les courtiers en ligne et les fintech pour trouver les PER les moins chargés en frais de gestion. Les meilleurs PER ne prélèvent que 0,50 à 0,60 % de frais de gestion en unités de compte.
Des frais peuvent également s’appliquer à la sortie du contrat. Au moment de la retraite, l’épargnant peut enfin consommer l’épargne accumulée sur son PER. Il existe 2 modes de sortie : la sortie en rente et la sortie sous forme de retrait partiel ou total du capital. Ces deux solutions présentent des fiscalités différentes. En cas de sortie en rente, il existe des frais d’arrérage. Là encore, l’épargnant anticipant une sortie sous forme de rente devra être attentif à ces frais. Ils sont généralement inférieurs à 1 % mais peuvent atteindre 3 %, ce qui est loin d’être négligeable.
L’offre de supports d’investissement
Le deuxième point important concerne l’offre de supports. Tous les fonds euros n’offrent pas les mêmes performances (cela va du simple au double selon les assureurs).
Les épargnants souhaitant diversifier leur épargne doivent aussi être très attentifs à l’offre de supports en unités de compte. Certaines banques cantonnent le client à des fonds “maisons”, lesquels ne sont pas toujours les plus performants, tandis que certains courtiers donnent accès à des centaines de fonds, laissant davantage de choix à l’épargnant dans la constitution de son portefeuille de placements. Du côté des supports immobiliers, tous les contrats ne reversent pas la totalité des bénéfices, certains prélèvent automatiquement des frais s’élevant jusqu’à 15 % des gains. Les épargnants souhaitant investir dans la pierre-papier devront aussi regarder de près l’offre de SCPI, OPCI et SCI accessibles. Certains contrats référencent une trentaine de supports immobiliers tandis que d’autres n’en référencent aucun.
Le mode de gestion : gestion libre ou pilotée
Enfin, le dernier critère important concerne le mode de gestion. La grande majorité des épargnants optera pour une gestion pilotée de leur PER. En ce sens, il est intéressant de comparer les performances réalisées par les gestionnaires avec ce mode de gestion. Malheureusement, le PER étant un dispositif très récent, on ne dispose donc pas encore d’un long historique de performance. Les performances réalisées en 2020 donnent toutefois une première indication quant à la qualité de la gestion des encours.
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Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur le PER, je vous invite à consulter le site Service Public.